La dyslexie chez l’adulte ou quand un handicap devient une force

Ici vous pouvez également voir la carte mentale de la dyslexie …

 

Dans l’imaginaire collectif, la dyslexie est associée à des problèmes d’orthographe, d’écriture et de lecture, une inversion des lettres et une lenteur dans l’acquisition de certaines connaissances. Enfants, les dyslexiques, peuvent être malmenés, voire éprouvés par les difficultés qu’ils rencontrent dans leur parcours scolaire. Néanmoins, une fois devenus adultes, leur dyslexie peut devenir une force, voire un atout, dans le monde professionnel.

1) La dyslexie, un trouble spécifique et durable des apprentissages, reconnu comme handicap :

Du grec « dys- » qui signifie « difficulté » et de «-lexie » qui veut dire « mot », la dyslexie est un trouble des apprentissages, spécifique et durable. Le terme « durable » signifie que l’incompétence va perdurer tout au long de la vie, même si la personne dyslexique peut pallier son trouble par des aménagements, des compensations voire des bénéfices secondaires.

La dyslexie n’est pas un simple retard d’acquisition. Elle n’est pas non plus secondaire à un trouble moteur, ni à un désordre affectif ou même à un retard mental. Enfin, elle n’est pas la conséquence d’un absentéisme scolaire.

La dyslexie a un retentissement significatif sur les apprentissages scolaires et d’une manière générale sur tous les usages de la lecture.

Si la dyslexie ne renvoie pas communément à un handicap, car l’individu est intelligent et en pleine possession de ses capacités physiques, son trouble peut pourtant le faire entrer de plein pied dans la définition du handicap. La dyslexie est, en effet reconnue comme handicap par la loi du 11 février 2005, ouvrant la voie à des mesures d’accompagnement spécifique.

Elle concerne 6 à 15% des enfants d’âge scolaire (avec une prévalence de 1,5 à 3 fois supérieure chez les garçons) et 6 à 8% des adultes dans les pays francophones.

2) La dyslexie, un trouble d’origine neurobiologique :

L’observation du cerveau des dyslexiques, montre que celui-ci est différent de la moyenne des êtres humains. En effet, normalement dans le cerveau, il y a 3 zones impliquées dans la lecture (l’aire occipito-temporale, le gyrus frontal inférieur et l’aire pariéto-temporale).
Or, on observe chez les dyslexiques que l’activité neurologique dans ces 3 zones est plus faible. D’autre part, on observe un dysfonctionnement organique sur deux de ces 3 aires impliquées dans la lecture.

Normalement, lors du processus de reconnaissance des mots et de la lecture à haute voix, nous utilisons deux voies dans notre cerveau :

  •  la voie orthographique, qui correspond à la reconnaissance globale du mot,
  • et la voie phonologique, qui correspond à la lecture par assemblage.

Ces deux voies sont complémentaires, et l’une ou l’autre des voies sera privilégiée en fonction des caractéristiques du mot lu. Dans la grande majorité des cas, le lecteur aura tendance à lire avec la voie orthographique qui sera complétée par la voie phonologique pour les mots méconnus ou les noms propres par exemple.

Chez les dyslexiques, on observe :
•  un dysfonctionnement du système de reconnaissance des mots. La conscience phonologique (qui représente la capacité à identifier de manière consciente les sons élémentaires qui composent les mots et à les manipuler de manière intentionnelle) est déficitaire ce qui rend difficile l’usage de la voie phonologique.
•  une capacité de codage dans la mémoire phonologique à court terme qui est limitée.
•  une identification des mots qui ne devient pas automatique et qui reste dépendante du contexte.

« La lecture chez un adulte dyslexique sollicite une forte implication cognitive: ses stratégies en lecture peuvent être les mêmes qu’un apprenti lecteur ou qu’un enfant dyslexique à cause de la lenteur de lecture et du nombre de difficultés (Bruck, 1990) »

3) La dyslexie, un trouble aux répercussions multiples, qui peuvent être compensées :

En raison des difficultés d’apprentissage associées à ce trouble, la dyslexie est généralement plus visible chez les enfants. Si elle n’est pas prise en charge, elle peut avoir pour conséquence une faible estime de soi, un sentiment de honte, de souffrance liée à l’incompréhension du trouble, auquel s’ajoute un sentiment de dévalorisation.

Chez les adultes dyslexiques, les troubles des apprentissages peuvent avoir été bien compensés. Des conséquences persistent néanmoins, dans des degrés plus ou moins importants :
• une lecture lente,
• une mauvaise compréhension des lectures,
• l’hésitation dans l’écriture des mots simples,
•  une confusion des sons complexes,
•  des difficultés dans la prise de note,
•  une confusion des termes.

Dans le monde du travail, les dyslexiques peuvent subir des préjugés de type « paresse » en raison de leurs fautes d’orthographe fréquentes. Par ailleurs, ils peuvent être confrontés à des difficultés de compréhension de certains documents et une grande fatigue liée à la forte concentration, nécessaire dans leurs lectures.

S’il est vrai qu’on ne peut jamais guérir de la dyslexie, il existe en revanche des moyens de compensation qui peuvent être mis en place, sans limite d’âge, grâce à la plasticité du cerveau.
Parmi ces techniques de compensation, on peut citer :

  • la métacognition : l’objectif est de faire réfléchir le dyslexique sur ses façons d’apprendre qui sont les plus efficaces.
  • les outils numériques : les logiciels de traitement de texte, les correcteurs orthographiques, les logiciels de reconnaissance vocal et de retour vocal, l’usage du stylet « livescribe »
  • l’utilisation de la carte mentale (ou mind mapping ou schéma heuristique)

4) La dyslexie, un fonctionnement atypique qui peut devenir un avantage dans le monde du travail :

Si dans leur enfance les dyslexiques sont souvent malmenés par le système scolaire ou leur entourage familial, qui ne comprend pas forcément leur trouble, à l’âge adulte, ce handicap peut devenir une force, voir un atout. On observe, en effet, que les dyslexiques ont de nombreux talents :

Ce sont bons de bons entrepreneurs :
Leur esprit d’entreprise est facilité par leur capacité à identifier des personnes dignes de confiance et à déléguer les responsabilités. Ils ont également une très bonne capacité de communication orale et une très bonne capacité à résoudre des problèmes.
On estime que 35 % des entrepreneurs en Angleterre sont des dyslexiques. En France, le pourcentage de chefs d’entreprises dyslexiques (5,3%) est supérieure à la moyenne nationale (0,3%).

Ils ont une manière différente de raisonner :
Habituellement, il y a 2 manières de penser:
•  la pensée verbale linéaire dans le temps qui consiste à penser via des sons et des mots,
•  la pensée non-verbale qui consiste à penser via des images, des concepts et des idées. Il semble que les dyslexiques aient une préférence pour la façon non verbale et qu’ils pensent de préférence par associations d’idées et analogies.

Ils ont une manière différente de percevoir les choses :
En matière de capacités visuelles, les dyslexiques ont une vision de l’espace plus globale que celle des lecteurs normaux (on a observé que les dyslexiques voient 1 500 à 4 000 images/s contre 150 images/s pour la moyenne des individus)
Ils ont également une très bonne capacité à voir en 3 dimensions et à capter les stimulus dans la partie latérale de leur champ visuel.
Ceci explique pourquoi 50 % des employés de la NASA sont des dyslexiques. Ils ont en effet des aptitudes hors du commun de perception spatiale tri-dimensionnelle.

Ils sont très créatifs :
Ils ont une imagination vive. Ils sont capables de vivre leur pensée comme si c’était la réalité. Ils sont capables d’utiliser leurs perceptions pour transformer et créer. Ils ont un tempérament perspicace et intuitif. Et ils ont une curiosité supérieure à la moyenne des gens.
Aux USA, il existe une bourse réservée spécifiquement aux dyslexiques qui reconnaît leur créativité, ténacité et capacité de travail.
Les fondateurs de Ford (Henry Ford), d’IKEA (Ingvar Kamprad), de l’entreprise Virgin (Richard Branson) ou d’Apple (Steve Jobs), seraient dyslexiques. On peut aussi citer Albert Einstein et Walt Disney.

En raison des nombreuses difficultés rencontrées, le chemin de l’apprentissage par les dyslexiques, ces derniers, s’ils ne sont pas « détruits » par l’entourage familial ou le système éducatif, vont développer une capacité à atteindre un équilibre émotionnel et à surpasser la fatigue et le stress nécessaire pour compenser leur trouble. Leur grande persévérance, leur capacité d’organisation, d’empathie et de créativité sont autant d’atouts pour le monde professionnel.

Ce que pense l’équipe d’« ApprendreMieux »

L’exemple de la dyslexie confirme une nouvelle fois la plasticité du cerveau et sa capacité à trouver des compensations pour dépasser les difficultés.

  • Que vous soyez vous-même dyslexique avec le souhait de bénéficier d’outils efficaces, complémentaires à la prise en charge orthophonique;
  • Que vous soyez parent d’un enfant dyslexique soucieux d’accompagner votre enfant dans ses apprentissages de manière ludique et efficace ;
  • Ou que vous rencontriez des difficultés dans vos apprentissages et que vous cherchiez à les rendre plus faciles,

« ApprendreMieux » vous propose des outils tels que la métacognition ou les cartes mentales, pour vous aider à révéler vos talents et vous dépasser…

 
Sources: Mémoire de Laura Malié. “Quand la dyslexie devient un point fort : témoignages d’adultes dyslexiques sur les atouts de leur trouble des apprentissages au sein du monde professionnel . Médecine humaine et pathologie.” 2016. ffdumas-01522727